Blogue de Jessica Perritt, chef de la section du savoir autochtone et de la réconciliationSociété de gestion des déchets nucléaires (SGDN)*
Récemment, l’Institut de recherche sur la science, la société et la politique publique (ISSP) a tenu un panel intitulé La recherche et l’innovation axées sur une mission pour faire face aux grands défis : Est-ce que le Canada a ce qu’il faut? à la Conférence canadienne sur les politiques scientifiques.
Nous devons comprendre que la voix des Autochtones doit être prise en compte dans tous les projets axés sur une mission. Si nous accordons une place aux voix autochtones dans la création de missions, cela servira largement la société dans son ensemble et l’économie globalement.
Ce faisant, nous devons créer un espace pour le savoir autochtone. À la Société de gestion des déchets nucléaires (SGDN), mon travail consiste à établir un pont entre les modes de connaissance occidentaux et les modes de connaissance autochtones. En construisant ce pont ensemble, nous améliorons notre projet et notre travail.
Il existe un certain nombre d’idées fausses sur ce qu’est le savoir autochtone. On considère souvent qu’il concerne la connaissance de la terre – là où les gens puisent leurs médicaments, où les aliments poussent, où les animaux migrent – alors qu’en fait, le savoir autochtone est un système de connaissances très riche et complexe qui englobe des sphères comme la gouvernance, la recherche et la science. En créant un espace pour la recherche axée sur une mission, nous devons nous veiller à ce que le savoir autochtone fasse partie de cet espace. Ce faisant, nous pourrons cocréer des projets qui prennent en considération la recherche autochtone et la science autochtone.
L’ADN du savoir autochtone est en fait la durabilité. Ce principe est particulièrement important lorsque nous pensons à des missions construites sur la base de défis environnementaux. Lorsque nous pensons à des concepts comme celui des Sept générations, à des principes comme la réciprocité, les relations et le respect, ou aux traités originaux comme le Bol à une seule cuillère, tous ces éléments sont fondés sur la durabilité.
Dans le cadre des modes de connaissance autochtones et de la pensée holistique, les idées comme le capitalisme, l’économie, la bonne gouvernance, la recherche, la gestion de l’environnement, la science – se conjuguent pour faire avancer la mission. En nous appuyant sur toutes ces idées intégrées en une unité cohésive, nous pouvons nous assurer de la réalisation de nos missions. Songeons à l’invention du canoë par les Anishinaabe, par exemple – sa structure, l’ingénierie des matériaux, les mathématiques qui entrent dans la construction de ce canoë pour s’assurer qu’il peut flotter sur l’eau et transporter des gens sur des milliers de kilomètres pour faire du commerce. Le commerce qu’il permet profite ensuite à la collectivité et contribue à la bonne gouvernance, car nous apprenons et interagissons avec de nouveaux groupes et de nouvelles personnes. Tous ces facteurs contribuent à l’économie d’une collectivité et à sa gouvernance.
Ce sont des éléments clés de cette conversation sur la recherche axée sur une mission. Comment pouvons-nous les reconnaître de manière constructive, puis travailler en vue d’une harmonisation et de l’établissement de meilleures relations dans le cadre de la réalisation de ces missions? Je vois la réconciliation comme une occasion de créer cet espace pour les voix autochtones au sein de nos institutions, de nos milieux de recherche, de nos organisations et de la société en général. En créant cet espace, nous apprenons en nous appuyant sur un autre mode de connaissance, ce qui constitue un net avantage.
Le mode de connaissance occidental est un mode de connaissance parmi d’autres. Ce n’est pas le seul. Nous devons reconnaître qu’il existe d’autres modes de connaissance et que ceux-ci doivent éclairer les processus de cocréation. C’est en nous attaquant à ce travail difficile et en créant cet espace que nous parviendrons à une véritable réconciliation. Lorsque les peuples autochtones du Canada voient que leurs connaissances et leur voix font partie d’une solution, ils « embarquent dans le projet », ce qui profite à la société et à notre économie en général. Il est très utile que nous nous efforcions de nous comprendre les uns les autres, de comprendre que nous systèmes de connaissances fonctionnent différemment, de respecter ce que les voix autochtones peuvent apporter et de comprendre comment cela peut alimenter le développement de relations tangibles et efficaces dans le cadre de l’élaboration de nos recherches axées sur des missions.
*Ce blogue constitue une adaptation des propos de l’auteure.
À propos de la SGDN
La Société de gestion des déchets nucléaires (SGDN) est une organisation à but non lucratif qui met en oeuvre le plan canadien de confinement et d’isolement sûrs du combustible nucléaire irradié dans un dépôt géologique en profondeur, d’une manière qui protégera les gens et l’environnement pour les générations à venir.
Le plan canadien n’avancera que dans une région avec des hôtes informés et consentants, où la municipalité, les collectivités des Premières Nations et métisses et les autres de la région travaillent ensemble pour sa mise en oeuvre. La SGDN prévoit choisir un site en 2024 et deux régions participent toujours à notre processus de sélection d’un site : la région d’Ignace et South Bruce, toutes deux en Ontario.