L'environnement et la sûreté

Des gardiens du savoir autochtone et scientifiques occidentaux discutent du caractère sacré de l’eau, notre lien vital avec notre mère la Terre

Screenshot of virtual workshop

Des gardiens du savoir autochtone et des scientifiques occidentaux se sont réunis virtuellement pour discuter des nombreux recoupements entre ces deux systèmes de connaissances.

July 5, 2021

Toronto, Ont.

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Des gardiens du savoir autochtone et des scientifiques occidentaux se sont réunis virtuellement pour discuter des nombreux recoupements entre ces deux systèmes de connaissances.

Le 4e Atelier sur le savoir autochtone et la science occidentale de la Société de gestion des déchets nucléaires (SGDN) s’est déroulé virtuellement les 9 et 10 juin 2021. Plus de 50 personnes y ont pris part. Parmi les participants figuraient des gardiens du savoir, des aînés et des jeunes autochtones, des scientifiques ainsi que des spécialistes de l’industrie. L’événement a été l’occasion d’explorer les recoupements entre le savoir autochtone et la science occidentale en ce qui concerne l’eau et la façon dont ces deux systèmes de connaissances pourraient être intégrés de manière efficace et concrète dans le travail de la SGDN.

Les aînés Fred Kelly, Diane Longboat et Billie Schibler, ainsi que le jeune Brandon Petahtegoose, tous membres du Conseil des aînés et des jeunes (un organe consultatif indépendant de la SGDN), ont ouvert et clôturé chaque journée de l’atelier par une invocation autochtone traditionnelle, des chants et du tambour cérémoniels, et ont évoqué et reconnu le rôle particulier que joue l’eau dans nos vies. Pour les peuples autochtones, il est essentiel de commencer toute réunion ou tout rassemblement en reconnaissant le territoire sur lequel nous nous trouvons, afin d’honorer leur relation avec notre mère la Terre. Le tambour représente le battement de coeur universel de notre mère la Terre et les cérémonies d’ouverture visent à rendre grâce à chaque nouveau jour qui nous est donné.

Lorsque l’aînée Schibler s’est jointe pour la première fois au Conseil des aînés (le Conseil des jeunes n’était pas encore pleinement établi à l’époque), les membres du Conseil ont discuté avec la SGDN du bien-fondé de se laisser guider par le Créateur et de se servir de son âme dans notre travail. Elle explique que, selon la perspective des Autochtones et les enseignements de leurs ancêtres, le Créateur nous guide et, parfois, s’exprime à travers nous en utilisant notre âme comme conduit pour la transmission des messages ou des conseils importants.

Elle a fait part de son expérience personnelle avec l’eau en tant que danseuse du Soleil et a expliqué ce qui fait de l’eau un formidable enseignant.

« Lorsque nous dansons cette danse puissante qui honore la vie, nous faisons un sacrifice, et cela nous rapproche du Créateur dans notre voyage spirituel. Nous dansons sous la chaleur du soleil, souvent au moment du solstice d’été, et c’est un moment de grande humilité. Nous dansons du lever au coucher du soleil pendant quatre jours, sans nourriture ni eau, et nous dormons sous les étoiles. La nourriture ne nous manque pas tellement, mais l’eau nous manque énormément. Nous reconnaissons certainement alors le caractère sacré de l’eau, surtout lorsque nous en avons manqué pendant quatre jours. C’est l’une des plus grandes leçons que j’ai tirées sur le respect de l’eau et des cadeaux qu’elle offre à toute la Création. »

Les discussions tenues lors de l’atelier ont permis d’explorer comment les concepts du savoir autochtone sur l’importance de l’eau ressemblent aux concepts de la science occidentale. L’eau est essentielle à chacune de nos cellules et au fonctionnement d’autres constituants chimiques de ces cellules (par exemple, l’ADN, l’ARN, les protéines, les lipides membranaires). Pour trouver la vie, il faut chercher l’eau.

« L’eau est une condition nécessaire à la vie sur Terre, y compris la vie microbienne souterraine, notamment aux profondeurs pertinentes pour un dépôt géologique en profondeur », a indiqué Josh D. Neufeld, microbiologiste, professeur et titulaire d’une chaire de recherche au Département de biologie de l’Université de Waterloo.

L’aîné et gardien du savoir autochtone Michael Thrasher, qui s’est vu décerner un diplôme honorifique par l’Université Trent en 2015 pour sa contribution à la création d’un climat de respect à l’égard du savoir autochtone et traditionnel au Canada et à l’étranger, a dit : « Examinons ce que les deux systèmes de connaissances ont en commun. La loi de la nature impose à toutes les formes de vie sur la planète de suivre la double-force de la survie et de la reproduction. Une fois que nous trouvons ce que nous avons en commun, nos différences ne nous semblent plus aussi grandes. »

Bien que le savoir autochtone soit sophistiqué et distinct de la science occidentale, ces exemples nous rappellent que les deux systèmes ont des points en commun. Leurs spécialistes font des observations minutieuses du monde naturel, puis interprètent ces observations pour chercher une compréhension plus profonde. De plus, les spécialistes des deux systèmes s’appuient fortement sur la sagesse de ceux qui les ont précédés — les aînés, les ancêtres ou la littérature.

S’il est important de reconnaître les recoupements entre le savoir autochtone et la science occidentale, l’aîné Thrasher ajoute qu’il est tout aussi important d’en reconnaître les différences. Une différence importante est que le savoir autochtone ne nous est pas imposé. Pour apprendre et comprendre le savoir autochtone, vous devez en prendre l’initiative; un gardien du savoir autochtone ne vous offrira pas simplement de partager son savoir avec vous. Par conséquent, pour faire ce travail de manière concrète et respectueuse, il faut faire un effort conscient et travailler dur.

« Je pense que cette question est particulièrement pertinente, car la découverte de tombes non marquées est en train de devenir une vérité pour tous les Canadiens et pas seulement pour les Autochtones », a déclaré l’aîné Thrasher.

Nick Reo, professeur agrégé d’études environnementales autochtones au Collège Dartmouth, va même plus loin en affirmant que les organisations, les partenaires et les personnes non autochtones ne peuvent pas choisir seulement les aspects du savoir autochtone qui leur conviennent.

« Quand j’entends “intégrer le savoir autochtone”, j’ai parfois un moment de dégoût parce que j’ai l’impression d’avoir rencontré trop de ces personnes qui recherchent les aspects de nos systèmes de connaissances avec lesquels elles sont plus à l’aise, qui leur sont familiers et pratiques pour le travail qu’elles font, et qui s’intègrent le mieux dans leurs cadres de références. Ensuite, elles les sélectionnent et les intègrent dans ce qu’elles font. Ce n’est pas utile, ce n’est pas honorable et cela ne fonctionne pas. »

Cet atelier annuel continue d’être un forum où diverses voix se réunissent pour mettre en pratique les sept enseignements ancestraux sacrés : l’amour, la confiance, le respect, l’humilité, la vérité, l’honnêteté et la sagesse.

À propos de la SGDN

La Société de gestion des déchets nucléaires (SGDN) est une organisation à but non lucratif chargée d’assurer la gestion à long terme sûre du combustible nucléaire irradié canadien au sein d’un dépôt géologique en profondeur, d’une manière qui protégera les gens et l’environnement pour les générations à venir.

Fondée en 2002, la SGDN est guidée depuis plus de 20 ans par une équipe dévouée de scientifiques et d’ingénieurs de calibre mondial ainsi que par des détenteurs du savoir autochtone, qui élaborent ensemble des solutions innovantes et collaboratives pour assurer la gestion des déchets nucléaires. Le plan canadien ne sera mis en oeuvre que dans une région où les hôtes sont informés et consentants, où la municipalité, les collectivités des Premières Nations et métisses et les autres de la région travaillent ensemble à sa mise en oeuvre. La SGDN prévoit choisir un site en 2024 et deux régions participent toujours à notre processus de sélection d’un site : la région de la Nation ojibwée de Wabigoon Lake-Ignace dans le nord-ouest de l’Ontario et la région de la Nation ojibwée de Saugeen-South Bruce dans le sud de l’Ontario.